Entre deux mondes
Les Sim’s font peur. Commander à distance un individu au look choisi, le faire manger, dormir, danser et évoluer socialement dans un univers qui n’a de réel que le prix de la pochette de jeu, c’est vivre par procuration une vie débile remplaçant sa vie de merde.
Les jeux de guerre à la Fisrt Person Shooter (FPS) font peur eux aussi. Commander à distance un bœuf sanguinaire à l’armement choisi, le faire ramper, tirer, démembrer et se défouler militairement dans un enfer qui n’a de réel que le prix de la pochette de jeu, c’est expulser par procuration son envie de buter sa copine ou son patron.
Prendre la peur des deux, c’est donc s’assoir dans son canapé et visionner le survitaminé Ultimate Game, réflexion méga-musclée sur les dérives de la console de jeu. Wii, PS3 et X-box 360 ont rejoints les brocantes, car une nouvelle ère est arrivée : celle d’un Sim’s où les Avatars sont des smicards (Second Life), celle d’un Counter Strike où les chairs à canon sont de vrais condamnés à mort (Slayers).
Au milieu Kable, anciennement Leonidas, qui va survivre à 30 niveaux de tir a pigeon pour retrouver son aimée. Cette dernière n’a certes pas le feu aux fesses, mais n’est guère mieux lotie. Car à travers ses bikinis fluos et ses regards lancinants, c’est un gros porc connecté qui rattrape les tonnes de Donut’s ingurgités en cachette à la récré.
Triangle, rond, carré, croix
Ultimate game n’est au final, comme son nom l’indique, pas une question d’action mais de game-play. Une apologie visuelle, réussie mais sujette à l’épilepsie, du fonds de commerce de Call of Duty. Tous les codes du video game sont là, du check-point de sauvegarde aux figurants de second plan condamnés à croiser les doigts pour ne pas de retrouver sur la trajectoire des rafales. Un comble, alors que le film s’évertue à démontrer les dangers de la manette.
De son côté, Simon, le génial gamin gamer de Kable, nous ouvre les portes de sa chambre…cybernétique. Des écrans ras-la-gueule pour jouer en ligne, parler en ligne, draguer en ligne. Un bon panneau d’avertissement pour les détenteurs d’Iphone qui auraient un peu trop tendance à croire que leur écran tactile est devenu leur meilleur ami.
Au rayon baston enfin, Kable fait le boulot, avec une mention spéciale pour son entrée remarquée dans la demeure de Ken Castle, le machiavélique initiateur de Second Life et de Slayers. Michael C.Hall, alias Dexter, alias Castle, nous offre ici une bonne leçon de profiling. A savoir que derrière un type au regard fixe qui sourit de travers se cache le plus souvent un gros psychopathe. Et s’il décide de mourir découpé sur un terrain de basket privé, alors c’est un gros psychopathe sans logique. A manier avec précaution. JB
Sous les applaudissements La plate-forme de jeu a beau être vaste, elle a tout de même ses limites. Kable pète le sien et décide de sortir de la zone, non sans avoir rempli le réservoir de sa guimbarde avec la vodka qu’il avait ingurgitée au petit déjeuner. Fallait y penser. Le «slayer », qui a volontairement trop tiré sur le fil de la manette, est ramené à la raison par les monstrueux chasse-neige de l’éditeur du jeu. Une poursuite XXL.