Longue vie au diacre
L’avez-vous remarqué, cette douceur nacrée, blottie au plus près du Mariner, témoin d’une coquetterie à laquelle Kev’ ne nous avait pas habitué ? Mais si, la petite boucle d’oreille mi Saint-Jacques-mi-bigorneau qu’il porte fièrement pour compléter sa panoplie poissonnière ? Ridicule, n’est-ce pas ? Et bien non, elle passe, tout comme ce blockbuster mouillé, pourtant considéré comme l’un des plus gros « plouf » de l’histoire du cinéma.
Une acceptation difficile à expliquer. Est-ce à cause des balades au grand large, version Tabarly survitaminé, que nous offre le Mariner ? Du rendu visuel si exagéré de Waterworld, avec ses tôles rouillées, ses chaussures de ski dépassées et ses slips en cuir séché ? De la crétinerie sans nom des smockers, Dingos à cigares montés sur promène-couillons ? Ou du gentil petit scénario post-apo, avec le mythique Dryland en point de mire ? Le Club ne saurait trancher.
Des clopes à la pelle
Pourtant, à bien regarder le générique final, on en viendrait à croire que Waterworld est un bon Disney. Des méchants très méchants, un enfant très prenant, pour ne pas en dire plus, et un héros ….glacial. Erreur. Ni charmeur ni gaffeur, Kev’ fait le Kev’ qu’il sait faire, moins à cheval sur la procédure qu’en Bodyguard ou en Incorruptible, mais tout aussi « perso » que dans Danse avec les loups ou Pour l’amour du jeu. A croire que l’océan, décidément, n’est pas assez grand pour lui.
Qui, alors, va servir de bouée, une fois passés les records du monde, grotesques mais spectaculaires, des lancers sur atoll de smockers ? Le méchant Deacon, bien sûr, sadique et cynique à souhait. Car comment ne pas aimer un diacre qui distribue des clopes à la pelle, envisage de désosser une gamine pour mieux observer la carte qu’elle porte sur le dos et harangue sa foule de décérébrés une bouteille de scotch à la main ? Du grand art sur les flots.
Une performance que le Mariner salue comme il se doit avec sa jolie tyrolienne de 3,5 kilomètres. Kev’ l’acrobate, ou comment passer de la poupe à la proue du paquebot sans passer par la salle de bal. Mais Deacon est aussi, et surtout, l’indispensable bol d’air dont le film avait besoin face aux jérémiades de la jeune Enola, véritable publicité pour l’avortement. Kev’, lui, a trouvé la bonne méthode. On débarque sur l’île. On dépose la petite famille. Et on remet les voiles. JB